J'ai 46 ans, maman de 2 enfants - un fils de 14 ans (qui glisse gentiment mais sûrement vers la pratique islamique) et une fille de 8 ans (qui déteste toute forme de dogme, mais apprécie ses cours de catéchisme). Tous deux scolarisés en école privée catholique, pour des raisons d'enseignement de qualité.
Née en Algérie, à Oran, de parents Kabyles (donc arabophone et berbèrophone) nous arrivons en France "en cascade", mon père fait d'abord venir mes ainés (nous sommes 9, je suis la 7ème, des jumeaux naîtront à Paris, quelques temps après mon arrivée à Paris). J'ai été élevée principalement par ma grand-mère maternelle, tantes et oncles pendant mes premières années, mon père ayant déjà migré en France avec mes frères et soeurs, je les ai donc rencontrés pour le première fois vers 6 ans.
Pratique religieuse dans l'enfance :
Voici comment était accueillie la pratique religieuse à la maison : ma mère a toujours versé dans un Islam soft : prières et Ramadan point. Sauf ces dernières années, avec l'âge, elle a intensifié sa pratique drastiquement.
Mon père : rien, le néant, limite normal pour un Kabyle. Il n'a commencé à jeûner et à prier qu'à la soixantaine (à sa retraite, quand il eu du temps), puis direction la Mecque pour un pèlerinage. Jusqu'à présent, il a 85 ans, il continue ses prières (assis), et encore, quand on (ma mère) le regarde. Je sens bien qu'il fait ça "mécaniquement", sans conviction. Il ne jeûne plus, son état de santé ne le lui permettant pas, ce qui ne l'a pas bouleversé.
Mes huit frères et soeurs : idem que mon père. Il y a toujours eu, à la maison, une espèce de répulsion / incompréhension totale d'une quelconque pratique religieuse. Un seul de mes frères fait le Ramadan très sérieusement, puis Mosquée le vendredi uniquement, avec ses fils (ados).
Premier souvenir avec l'Islam
Un souvenir a, à jamais, sceller le sort de l'Islam dans ma vie.
Je devais avoir 8 ou 9 ans, et j'étais très (mais vraiment très) curieuse. Mes parents (ma mère, en fait) m'avait envoyée aux "cours d'Arabe" (cours de psalmodie de sourates, plutôt), notre "professeur" était d'une extrême sévérité, sans aucune approche pédagogique. Au fil des cours, mes questions lui devenaient insupportables.
Il faut savoir que ces cours avaient lieu les mercredis après midi et que, les mardis soirs, j'avais réussi à intégrer les cours de catéchisme, via l'entremise de deux copines qui y assistaient et qui m'avaient invitée à venir. Pour ma mère, qui n'y comprenait pas grand chose, elle pensait qu'il s'agissait d'un club de lecture (OK, c'est comme ça que je lui avais vendu !
).
Me voilà les mardis soir de 16h45 à 18h00 au caté, où régnait une ambiance chaleureuse, bienveillante, enveloppante, un pur bonheur pour une enfant curieuse (dont les questions étaient les bienvenues et auxquelles l'ont répondait avec calme, et sérénité. Et les mercredis après-midi à 14h00 (moins de 24h00 plus tard, donc : deux salles deux ambiances), à assister à un cours avec un Père Fouettard, qui n'avait clairement pas sa place dans une salle de cours et qui se contentait de nous faire réciter des sourates et de nous les expliquer vaguement, mes questions étaient accueillies comme du manque de respect et de la curiosité mal placée "Ne (te) poses pas de questions ! Il faut juste obéir et apprendre !!!": autant dire que c'était la porte ouverte au doute et au questionnement, pour moi : "Si c'est flou : il y a un loup".
Jusqu'au jour où arrive l'histoire d'Abraham et Ismaël. Et là, gros choc, gros malaise pour moi : j'ai posé la question de trop ! Furieux : il m'a balancé son pot de crayon (comme au bled !), et m'a dégagée illico presto de la salle de classe, avec une flopée d'insulte en prime, les autres élève ahuris.
Je suis sortie de là, humiliée, en pleurs, avec la vague sensation qu'il m'avait rendue service : j'étais devenue athée.
A 8 ans.
Impossible que Dieu existe avec des foutaises pareilles.
Ma vie de jeune adulte et adulte confirmée
Les années passent, toujours bien confortablement installée dans mon athéisme (agnostique, plutôt). Toujours férue de littérature, je poursuis des études plutôt sympas. A la maison, la pratique de l'Islam est toujours une option pour mes frères et soeurs et moi, même si ma mère nous tombe dessus de temps en temps pour nous demander quand est ce que l'on va s'y mettre ... Pas de violence sur ce sujet, mon père étant un piètre exemple, franchement il ne fallait pas s'étonner. On reconnait un arbre à ses fruits ...
Arrive la décennie noire en Algérie, avec son flot de mauvaises nouvelles venat de la famille restée là bas.
Arrivent également les divers scandales des voiles dans les établissements scolaires, notre "communauté" était pointée du doigt et cela me mettait mal à l'aise, même si je m'étais désolidarisée d'un point de vue religieux, je ne pouvais accepter l'humiliation et les remarques blessantes entendues et lues, ici et là.
Il faut savoir que, même athée (ou agnostique, cela dépendait des jours), je reste très attachée à ma culture arabo-berbère. Sans être nationaliste, je trouve mille raisons d'être fière de nos origines : cinéma, art, histoire, gastronomie, joutes verbales dans un dialecte riche et coloré, anecdotes historiques, musiques etc ...
Mes amis étaient plutôt de tous les horizons : origines, religions, catégories socio-culturelles, je ne m'interdisais strictement aucune fréquentation, et j'avais de la chance : notre environnement nous le permettait : bien que venant d'un milieu très modeste, nous vivions dans petit immeuble dans un coin pas trop mal fréquenté.
Mes amis musulmans, filles et garçons confondus, ont toujours su où je me situais religieusement parlant : je tiens toujours à ce que les choses soient claires. Ils l'acceptaient, sans doute était-il inhabituel de voir quelqu'un parler parfaitement arabe et amazigh, très proche de sa culture d'origine, en apprécier toutes les facettes et rejeter une religion qui a, finalement, été imposée "be seif" (peu le savaient, ils méconnaissent leur histoire, finalement). Peut être ai-je eu de la chance, mais cela m'a permis d'avancer dans la vie sans trop de heurts.
Je suis aujourd'hui mariée à un homme, Algérien, avec qui je partage à peu près les mêmes idées. Son côté rationnel et pragmatique lui font rejeter la pratique de l'Islam. Il observe cependant le Ramadan, mais pour des raisons bien particulières : il vient d'une famille complètement dysfonctionnelle (violence, privations intentionnelles, humiliations) où le mois de Ramadan était le seul moment de l'année où il y avait un vrai apaisement, un sentiment d'appartenir à une famille "normale". Sinon, pas de prières : "Dieu étant auto-suffisant, il devrait se moquer que je prie pas, que je l'adore ou pas". Fin connaisseur de l'Histoire pré-islamique, Hégire, guerre de l'apostasie etc ... il a bien identifié que cette religion est une secte judaïque apocalyptique qui s'est présentée au bon moment, au bon endroit et avec beaucoup de chance pour un gourou tel que Mohamed.
Pour ma part, outre le traumatisme de ces cours catastrophiques, j'ai toujours ressentis une distorsion cognitive quant aux préceptes de ce dogme.
Me plonger dans les textes (par 3 fois dans ma vie : la dernière date du confinement, la totale : Coran / Hadith / Fik Malikite) : m' a fait réaliser ô combien il y avait un conflit de valeurs trop important.
Ma première impression était la bonne : aucune chance que je me laisse avoir.
Parmi les conflits de valeurs :
1/ La pédophilie (Aïcha, les mariages forcés d'enfants autorisés : pour moi c'est un "no go")
2/ L'esclavage (Pourquoi Dieu autorise-t'il cette ignominie ? Classifier les humains ? L'esclavage sexuel notamment qui est encore pratiqué de nos jours, car les textes n'ont pas été abrogés)
3/ La place de la femme (héritage tronqué, violence autorisée, confinement, voile, sa voie et témoignage n'ont aucune valeur)
4/ La violence à toutes les sauces (S.5 V. 34 35)
5/ Le manque de cohérence (la prédestination divine pour moi est une aberration : zéro contrôle ou libre arbitre = Pourquoi Dieu se plaint que l'on mécroit ???)
6/ La place ultra dominante de l'argent / sexe
7 / Description du paradis (parfait pour ces messieurs) et de l'enfer (tout juste bon pour effrayer les naïfs et les enfants)
8/ Le sort réservé aux homosexuels / "Gens du Livre" / apostats et tout ce qui ne se plie pas à la doxa
9/ Les hadiths qui se contredisent et autres aberrations (La Chamelle, peuples Gog et Magog, l'Apocalypse ...)
10 / Le côté binaire et manichéen : on sent que c'est pensé pour des simplets, des incultes
11/ Faire des Juifs nos ennemis héréditaires, dès que possible
12/ Mohamed et sa vie de débauché (Zeineb, ce qui a eu pour conséquences d'interdire l'adoption en Islam). En aucune manière il n'a la carrure d'un prophète au même titre que (toute raison gardée) Moïse et Jésus. D'ailleurs : quel miracle a-t'il réalisé ?
Bref, je pense en a voir assez dit. La raison de mon apostasie (d'ailleurs le suis-je bien, sachant que je n'y ai jamais adhéré ?) demeure dans le fait que j'ai pu grandir sans trop de pression niveau pratique religieuse. J'ai bien conscience d'être extrêmement chanceuse :pas de réveil au milieu de la nuit pour prier, pas de coups ou de violence, pas de voile obligatoire, pas de mariage forcé etc ... J'ai pu réfléchir et identifier les biais cognitifs avec sérénité et clairvoyance.
C'est dire que cette religion ne tient que sur la peur et la crainte.
Mes griefs sont, somme toute, très classiques, et reposent sur des valeurs qui sont diamétralement opposés à celles d'une société où la justice sociale, la solidarité et le libre arbitre devraient être la norme.
En outre, impossible de débattre de quelque manière que ce soit avec les musulmans, il y a toujours un moment où c'est le "Sheitan qui a pris le dessus sur toi. Il faut prier pour t'en débarrasser". Bonjour la répartie et la joute verbale motivante et saine.
J'ai de la bienveillance et beaucoup d'affection envers eux, honnêtement, je ne les malmène jamais, ils sont le fruits de leur éducation, ils subissent des pressions en continu.
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